Les pratiques viticoles

Un terroir spécifique, des pratiques innovantes et ancestrales

3 questions à Frédéric Berne, président de l’association Vignerons et Terroirs de Lantignié

L’association est construite autour de la notion d’agro-écologie. Comment définissez-vous ce terme ?

La notion d’agro-écologie comprend trois dimensions ; écologique, économique et sociale. Ce sont également les trois piliers du développement durable. Concrètement cela consiste à développer des pratiques respectueuses de l’environnement comme l’interdiction des pesticides de synthèse, le recours aux labours au cheval, l’utilisation de produits naturels (macérations d’orties, de consoudes, de bouillie bordelaise)… Cela revient également à favoriser des pratiques performantes comme l’achat en commun de semences, d’arbres, de matériels viticoles ou la restructuration des vignes en modes de conduite ergonomiques ; dans les vignes où les pieds montent haut les travaux sont moins pénibles, plus rapides donc économiquement plus rentables sans impact négatif au plan qualitatif par rapport aux vignes basses traditionnelles. Au plan social, l’idée est d’accompagner les jeunes qui s’installent, de communiquer ensemble sur nos terroirs et nos pratiques, de s’entraider en cas de coup dur chez l’un d’entre nous… le tout pour une agriculture vivable et équitable.

Le réchauffement climatique est déjà une réalité pour les vignerons et il va l’être plus encore dans les années et les décennies à venir. Quelles pratiques agronomiques peuvent-elles permettre de s’y adapter ?

En agro-écologie, on plante des arbres au milieu des vignes, des couverts végétaux composés de plantes diversifiées et complémentaires sont mis en place dans les rangs de vigne et le tout sert en quelque sorte d’amortisseur climatique ; cela permet de fixer la terre et donc de réduire les phénomènes d’érosion, de stocker du carbone et par voie de conséquence de mieux garder dans les sols ce dont la plante a besoin pour vivre et se développer : l’eau et les nutriments. L’objectif de ces pratiques est de recréer de la fertilité dans un climat pourtant de plus en plus chaud et sec et de rendre nos vignobles durables.

Peut-on imaginer que Lantignié devienne un 11ème cru du Beaujolais avec un cahier des charges centré sur les spécificités du terroir, l’originalité des vins du village, mais aussi sur une approche agronomique plus ambitieuse ?

L’association réunit une vingtaine de domaines autour d’un double enjeu. Le premier est qualitatif avec un travail exigeant pour refléter au mieux l’expression de nos terroirs de Lantignié ! Le second est lié aux notions d’environnement et d’équité. Avec notre projet, une nouvelle façon d’aborder la notion d’appellation est en effet en train de voir le jour. Nous proposons une approche différente qui nous semble être au cœur des préoccupations sociétales actuelles. L’avenir nous dira si nous sommes ou pas dans le vrai.