histoire

1 000 ans de viticulture à Lantignié

Commune située entre Beaujeu et le cru Régnié, Lantignié abrite la vigne sur ses coteaux escarpés depuis plus de 1 000 ans. La première trace écrite de sa présence remonte en effet à 994, avec la donation d’une parcelle à l’Abbaye de Cluny, par le frère d’Imbert Ier, Sire de Beaujeu.

Tout au long de l’histoire, ce terroir unique va se distinguer. En 1573, Nicolas de Nicolay, géographe d’Henri II, signale dans son ouvrage sur le Beaujolais que huit communes seulement porteraient des vignes, après, il est vrai, des siècles perturbés (guerres, maladies…). Le village de Lantignié en faisait-il partie ? C’est possible, puisque dès 1482 on trouve trace de l’existence d’une propriété viticole, le Château du Basty, constituée le 24 novembre de la même année.

L’histoire suit son cours et en 2017, l’association Vignerons & Terroirs de Lantignié est née de la volonté d’un petit groupe d’hommes et de femmes de travailler ensemble dans le respect de l’environnement.

Ils sont vignerons, négociants-équitables ; ils ont pris en main leur destin, ancrés dans leur territoire, bien décidés à participer à la création d’un nouveau cru dans le Beaujolais : le Cru Lantignié, avec des engagements écologiques et humains forts.

Les dates clés

Le mot du fondateur

Vignerons & Terroirs de Lantignié incarne la viticulture comme je l’ai toujours rêvée : des hommes et femmes s’entraidant et pouvant vivre dignement de leur métier ; des vignes saines, participant pleinement à restaurer la biodiversité ; des vins qualitatifs, redonnant de la fierté à ce terroir.

Oui, car des décennies de marketing centré sur le Beaujolais issu d’une viticulture productiviste, aux dépens des grands vins de terroir, ont fait beaucoup de mal au Beaujolais et à ses viticulteurs. J’ai vu quantité de collègues sombrer financièrement voire personnellement, formés exclusivement à un modèle basé sur les ressources fossiles, acculés par un travail de moins en moins valorisé et rémunérateur…

Mon père était lui-même un petit vigneron. Nos seuls revenus étaient ceux de la terre, mais le vin se vendait mal. C’est pour soutenir mon père qui était en difficulté que je me suis intéressé au métier. Je me suis plongé dans les bouquins, persuadé que c’est en comprenant la vigne que nous pourrions mieux produire et mieux vivre. Je me suis alors pris de passion pour le vivant et, à force de lectures, j’ai développé une vision du travail de la vigne bien différente de celle qu’on nous avait inculquée.

Aujourd’hui, je considère que mon rôle en tant que viticulteur est d’accompagner le vivant, de prendre soin de lui. C’est la vigne qui va produire de beaux fruits, ce sont les micro-organismes qui vont les transformer en un vin de qualité, pas moi. Je me contente d’accompagner ce processus en respectant le vivant et en favorisant un environnement riche, tant dans les vignes que lors de la vinification.

Fort de cette vision, je me suis rapproché de viticulteurs qui la partageaient et je l’ai transmise à des jeunes désireux de se former à de nouvelles pratiques. Ensemble nous avons créé l’association « Vignerons & Terroirs de Lantignié » pour s’entraider et montrer par l’exemple qu’une autre viticulture est possible. Nos modèles agroécologiques nous rendent confiants pour l’avenir.

Afin de promouvoir une viticulture durable et rendre visible notre démarche, nous travaillons à faire reconnaître Lantignié comme cru du Beaujolais, ce qui est tout simplement la trajectoire logique d’un Beaujolais villages. Lantignié deviendrait un cru d’un nouveau genre, un cru prenant en compte la santé du vivant au sens large, allant des micro-organismes aux consommateurs en passant par les viticulteurs et les riverains.  

C’est un projet qui me tient à cœur, car notre village a un fort potentiel. Tout d’abord grâce à son terroir de grande qualité nous permettant de produire d’excellents vins. Mais aussi grâce à son attractivité auprès de jeunes qui souhaitent rejoindre notre aventure humaine et écologique…

La dynamique est là, et je m’en réjouis. Cependant, un long chemin reste à parcourir, pour notre association et plus largement… Car, si nous voulons assurer l’avenir de la viticulture (dans le Beaujolais), notre profession doit se mobiliser pleinement en s’ouvrant à des pratiques plus durables et à l’installation de jeunes soucieux de leur environnement.